querelle des universaux

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Il s'agit d'un débat dans le domaine de la philosophie.
Les universaux sont les concepts universels (homme, chien, arbre) par opposition aux choses singulières (cet homme à qui je parle, ce chien qui est devant moi ou cet arbre que je vois) qu'on appelle aussi les particuliers.
Le débat est de savoir si les universaux ont une existence en soi (c'est le réalisme ) ou s'ils sont des concepts produits par l'esprit, qui, dans le langage s'expriment par des noms (c'est le nominalisme ) et que seules les choses singulières ont une existence propre.

Cette question sur le rapport entre l'objet, son identification et sa représentation ont été développés dans l'œuvre du peintre Magritte, une illustration en est son tableau Ceci n'est pas une pipe. Lorsque nous regardons ce tableau, nous ne voyons que l'image, la représentation d'une pipe, quand le peintre fait un dessin qu'est-ce qui nous amène à voir autre chose d'un simple dessin ?

Le débat sur les universaux existait déjà entre Platon et Aristote .
Pour Platon, les idées existent comme réalités supérieures, elles ont leur existence propre. L'universel appartient au domaine des idées.
Au contraire pour Aristote, l'universel ne peut être pensé comme indépendant du sensible, il consiste en une intuition, ou le fait de poser une définition.

Plus tard, aux 10e et 11e siècles la querelle des universaux devient un important débat métaphysique et théologique. Il intervient dans le dogme chrétien de la Trinité.
Les philosophes du Moyen Age donnent différentes réponses à ces questions. Elles aboutissent à des positions nommées le réalisme, le nominalisme et le conceptualisme .
Le réalisme énonce que seuls les Universaux existent en soi, les choses singulières leur étant subordonnées. Le concept précède la chose (ante rem). Pour des raisons théologiques, c'était la position officielle de l'Eglise et de l'Université, pour la simple raison qu'elle permet de poser que les Universaux furent conçus par l'entendement divin. C'était le point de vue de Bernard de Clairvaux (1090 - 1153), moine cistercien et maître spirituel de cet ordre. C'était le point de vue de Guillaume de Champeaux (1070-1121), maître de l'école cathédrale de Paris, maître de Pierre Abélard et plus tard son adversaire.
Pour le nominalisme seuls les individus singuliers existent, alors que les universaux ne sont que dans l'esprit des hommes. Le concept vient après la chose (post rem). Ils sont alors soit des concepts soit simplement des noms pour les représenter par convention. Parmi les nominalistes Jean Roscelin (1050-1121). Cette position était condamnée par l'Eglise car elle ne permettait pas de démontrer l'existence de Dieu comme entité toute puissante. En particulier cela empêchait le concept de Sainte Trinité, et était considéré comme une hérésie. Guillaume d'Ockham est souvent considéré comme étant un nominaliste se rapprochant cependant du conceptualisme.
Le conceptualisme, introduit par Pierre Abélard, considère que le concept est dans la chose (in re). Un universel est un attribut, ce qui implique que plusieurs sujets individuels ont le même attribut. Pour Abélard, on rencontre des individus singuliers et l'universel est la conceptualisation de l'abstraction. Il résout donc ainsi le problème théologique de la Trinité : les trois personnes de la Trinité sont simplement des noms pour décrire les propriétés de Dieu. C'est en quelque sorte une branche du réalisme.

Voir aussi :

Le Petit Vert. N° 121. p. 33-34. La querelle des universaux.

Pour en savoir plus :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Universaux
https://www.philo5.com/SpeculationsPhilosophiques/051217QuerelleDesUniversaux.htm

Aidez-nous à améliorer cette notice Mise à jour 08/03/2024 16h53